Au Néolithique, l’homme invente des méthodes plus sophistiquées. Il découvre que certaines matières (cervelle, moelle, graisses, huiles) assouplissent et stabilisent la peau. Le procédé appelé tannage à l’huile donne un cuir souple, imperméable et de couleur jaunâtre.

Le cuir occupe une place fondamentale dans l'histoire des sociétés humaines. 

Cependant, il est peu étudié en histoire et en archéologie.

Ses conditions de préservation le rendent difficile à étudier. 

En raison de ces difficultés de préservation, l'étude du travail du cuir dans les périodes les plus anciennes se base sur l'étude des outils. 

L'utilisation de ces outils est étudiée en comparaison avec les pratiques de peuples qui utilisent encore des techniques traditionnelles avec des outils en os ou en pierre (Tchouktches, Athapaskan et Salish)

https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/la-plus-vieille-chaussure-en-cuir-du-monde_21255

La technique du tannage à l'huile apparaît à l'époque du  néolithique (9 000 ans avant notre ère).

Cette technique consiste à remplacer l’eau et les fragiles liaisons grasses présentes à l’intérieur de la peau, par des liaisons grasses plus stables. 

Nos ancêtres se servaient de pierres pour enduire la peau de la substance grasse (de la matière cérébrale ou de la moelle osseuse). 

Le cuir obtenu est alors bien plus souple et relativement résistant à l’eau. Cette méthode est encore utilisée aujourd’hui, bien qu’utilisant des matières grasses plus modernes.

Ötzi, l’homme des glaces retrouvé dans les Alpes, a vécu à cette époque. Son étonnante conservation permet de nombreuses études. Il portait notamment des vêtements en cuir.

https://tout-en-cuir.fr/histoire/techniques/evolution/

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/otzi-l-homme-des-glaces-venu-du-neolithique

Dès 3 000 av. J.-C., en Égypte, les artisans perfectionnent le tannage végétal, utilisant écorces et racines riches en tanins. Les Égyptiens fabriquent des sandales, des ceintures et même des boucliers en cuir. Des sandales en cuir de plus de 3 500 ans, retrouvées dans une tombe de Thèbes, sont exposées au British Museum.

Chez les Grecs et les Romains, le cuir devient incontournable : chaussures militaires (les célèbres caligae), tentes, outres, harnachements…

Au Moyen Âge, les métiers du cuir s’organisent : tanneurs, corroyeurs, parcheminiers, selliers, cordonniers. Les ateliers s’installent près des rivières car l’eau est indispensable… mais les odeurs pestilentielles poussent les habitants à les rejeter aux marges des villes.

Les tanneurs utilisaient des fosses où les peaux trempaient plusieurs mois dans des décoctions d’écorces. Le cuir ainsi obtenu servait aux armures, reliures, ceintures ou chaussures.

Au XIXᵉ siècle, la demande explose avec l’essor des villes et de l’armée. Les tanneries s’équipent de machines (foulons, refendeuses, cylindres). Le tannage au chrome est inventé : il permet de produire du cuir souple et durable en quelques heures seulement, contre plusieurs mois pour le tannage végétal.

Aujourd’hui, le cuir reste un matériau noble, utilisé pour la maroquinerie, les chaussures, l’automobile ou le design. L’Europe impose des normes strictes (REACH) pour limiter les rejets de chrome VI. Des innovations cherchent à réduire l’empreinte écologique : tannage végétal modernisé, tannage sans métaux, recyclage des effluents.

Parallèlement, de nouvelles matières apparaissent : similicuirs issus de fibres végétales (champignons, pommes, cactus). Juridiquement, ils ne peuvent pas être appelés « cuir » en France, ce terme étant réservé aux peaux animales.

De la peau fumée des chasseurs préhistoriques aux sacs de luxe contemporains, le cuir raconte une histoire de plus de 30 000 ans. Il incarne un lien unique entre tradition et innovation, artisanat et industrie, mémoire et modernité.